Il y a quelques semaines, un vieil ami prêtre était très malade et je lui rendais régulièrement visite dans son hospice spécialisé.
Il se savait condamné à court terme et lui homme de Dieu, qui avait si souvent aidé et réconforté les autres, lui le croyant parmi les croyants, avait peur de la mort.
Il s’interrogeait sur « l’après son dernier souffle » et il me dit alors cette phrase terrible et lumineuse « J’ai peur du vide ».
Le vide ! Effectivement, ce n’est pas de la mort dont nous avons tous peur, mais c’est du vide !
Mais de quel vide s’agit-il et à qui fait-il si peur ?
Ce vide que l’on connait pourtant bien, ce vide que l’on rejoint toutes les nuits pendant le sommeil profond, ce vide que l’on peut découvrir au cœur de la méditation, ce vide est source de toute forme.
Ce vide est le substrat du tout mais l’on ne peut le concevoir, l’imaginer, lui donner des limites.
Il est infini, inconcevable, hors du temps et de l’espace, il est LE SANS FORME.
Oui, nous avons peur, mais qui a peur ?
C’est en fait notre mental qui a peur, car il perd tout contrôle dans le vide, il est dissout, il est sans pouvoir.
Ce mental qui a peur du vide me donne l’image suivante, c’est un peu comme si une goutte d’eau avait peur de l’océan, la goutte d’eau ne devrait pas avoir peur, elle devrait même se réjouir de son retour à la source, promesse de paix et d’éternité.
Oui cher ami, tu es loin maintenant, tu as rejoint « le père » comme dit ton livre, j’espère que tu as eu la chance de le reconnaître…et que tu aimes le vide…
