Respiration, c’est tellement évident pour nous que nous ne nous posons pas la question, pourquoi respirons-nous alors que d’autres êtres vivants ne semblent pas le faire ?
Avant tout, quelques rappels
La respiration et la Vie sont indissociables pour nous, cela va du bébé qui se voit accueilli par des claques sur son mignon postérieur afin de produire son premier souffle et à l’autre bout de la vie, le vieillard qui rend son « dernier souffle » !
Depuis la nuit des temps et dans toutes les traditions, le souffle et la vie sont synonymes.
En Grèce antique, on parle de « Pneuma », souffle ou esprit aérien auquel certains médecins attribuaient la cause de la vie, et, par suite, des maladies.
C’est aussi le nom que les stoïciens donnaient à un principe de nature spirituelle, qu’ils considéraient comme un cinquième élément.
En Inde on parle « Prana » énergie vitale universelle qui se trouve dans l’air et que chacun respire.
En Chine on parle du « Qi ou ch’i » considéré comme une force vitale faisant partie de toute entité vivante. « air » et au sens figuré « énergie matérielle », « force vitale » ou « flux d’énergie ». Le Qi est le principe central de la médecine traditionnelle chinoise et des arts martiaux chinois
Idem au Japon sous le nom de « KI » très utilisé dans les arts martiaux
On retrouve bien sur le souffle dans les grandes religions, comme ici dans la Genèse.
« L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. »
Bref, souffle et vie, c’est la même chose !
Réalité physique
La science nous explique bien le phénomène, pour fonctionner, nous avons besoin d’énergie et cette énergie nous est apportée par le couple carburant/comburant, comme dans une voiture !
Le carburant est ce que nous absorbons comme nourriture et le comburant est l’air que nous respirons, il faut les deux ! C’est ici qu’intervient la Mitochondrie
Les techniques de respiration
Dans le Yoga, nous avons une véritable science de la respiration (pranayama) et ses centaines de techniques.
Dans le Qi Gong et les arts-martiaux, nous avons aussi de nombreuses techniques.
Si nous mettons de côté la partie ésotérique pour nous concentrer sur la réalité physique, nous pouvons en tirer les constations suivantes :
Toutes ces techniques respiratoires apportent un surcroît d’oxygène à l’organisme et développent les capacités pulmonaires. Les poumons deviennent plus grands et « respirent » sur la totalité de leur surface interne. L’esprit se calme et se concentre sur l’action de respirer.
Les effets sont : plus d’énergie, une vitalité accrue, une vivacité augmentée et une sensation de clarté d’esprit !
En conclusion
Les anciens n’avaient pas tort car sur le plan physique, il y a un réel bénéfice à pratiquer des exercices de contrôle de la respiration.
Sur un plan spirituel, tout est ouvert, chacun pourra prendre pour lui l’approche qui lui convient, le souffle est-il divin ? Pourquoi pas…
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Voici un texte majeur sur les techniques de respiration, j’en connais personnellement plusieurs dizaines, mais celle-ci me parle, elle est très efficace en tous lieux et tous temps
« Approches de la méditation » par Arnaud Desjardins
Revenez à vous-même. Prenez conscience de vous, ici et maintenant. Abandonnez les tensions dans les épaules et le haut du dos, relâchez le ventre. Installez-vous dans votre bassin, dans votre assiette, et prenez conscience de la respiration, sans modifier celle-ci et sans anticiper; quand l’inspiration commence, vous oubliez qu’elle va s’arrêter; quand l’expiration commence, vous oubliez qu’elle va s’inverser; vous êtes parfaitement dans l’instant, seconde après seconde.
Soyez particulièrement conscient de l’expiration.
L’expiration a une double fonction. La première: donner, ne pas garder. Je ne dirai pas rejeter mais abandonner. Nous abandonnons le gaz carbonique et, en même temps, nous abandonnons tout ce qui peut être abandonné, non seulement toutes les tensions, mais tout le poids du passé et toutes les prétentions de l’ego.
L’autre fonction de l’expiration c’est de recueillir ce que nous avons accueilli à l’inspiration, notamment l’énergie subtile désignée sous le terme de prana.
À l’inspiration j’accueille, à l’expiration, si celle-ci est consciente, je recueille, je ne laisse pas se perdre le prana. Représentez-vous qu’en même temps que l’air, vous inspirez cette énergie et qu’à l’expiration, ce prana se répand dans tout votre organisme, vous remplit peu à peu.
Certains textes traduisent « le souffle » et nous ne comprenons pas comment le souffle peut pénétrer dans les bras ou dans le ventre, ailleurs que dans les poumons. Il s`agit du souffle subtil.
À l’inspiration, vous vous représentez que vous inspirez l’énergie et à l’expiration, que cette énergie, que l’on peut aussi se représenter comme une matérialité très fine, imprègne tout votre être, et vous nourrit, comme on rechargerait une batterie électrique. Cette énergie est recueillie particulièrement lorsque nous sommes vigilants, conscients. Et, dans l’immobilité, le silence, vous ne la consommez pas.
Par la puissance de l’attention – une attention détendue -› vous pouvez diriger particulièrement le prana vers telle ou telle partie de vous-même (qui relève à la fois du corps physique et du corps subtil).
Accompagnez bien l’expiration, essayez de ressentir que le prana s’accumule par exemple dans votre ventre, qu’il imprègne chaque cellule de celui-ci. Comme il n’a pas la matérialité du sang, par exemple, il n’a pas besoin de canaux matériels pour circuler.
Ressentez de mieux en mieux cette partie de votre être avec l’impression quelle se charge de plus en plus de cette énergie subtile. A l’expérience, vous verrez combien il est possible de se recharger d’énergie par la respiration consciente.
Vous pouvez aussi choisir une partie de votre être avec laquelle vous êtes en difficulté, qui est souvent douloureuse et contractée, ou associée à de mauvais souvenirs, un traumatisme physique ou une blessure psychologique, une partie de votre corps qui vous a posé des problèmes, que vous n’avez pas pu aimer, qui vous a trahi, quelle qu’elle soit. Et vous dirigez le prana vers cette partie pour la détendre, la consoler, la nourrir. A chaque expiration, représentez-vous que, par la force de votre attention, vous orientez particulièrement le prana vers cette partie de vous-même.
Relâchez-la de plus en plus, essayez d’en avoir la sensation intime et nourrissez-la de prana. Et, à l’inspiration, sentez bien que vous accueillez une énergie qui vous est donnée gratuitement. Les yogis affirment même qu’on peut faire croître un muscle rien que par la puissance de l’attention ou qu’on peut cicatriser beaucoup plus vite une blessure. Certaines douleurs peuvent disparaître complètement au bout d’un peu de temps de cette pratique. Mais il y a aussi un aspect psychologique très important.
La contracture lâche, vous sentez l’énergie qui circule, la zone sur laquelle vous vous concentrez se remet à vivre. Dans certains cas, c’est comme si nous avions condamné une partie de notre être qui a été source de souffrances ou de frustrations, comme si nous ne voulions plus en entendre parler.
Nous la réintégrons à notre présence d’ensemble, nous lui redonnons sa place, nous nous réconcilions avec elle, nous acceptons complètement comme étant une part et un aspect de nous-même, nous ne lui en voulons plus, au contraire, nous la nourrissons, nous la vivifions. Par le prana consciemment dirigé, nous aidons cette partie du corps à revivre, à guérir. Puis, revenez à votre présence totale, depuis l’assise jusqu’au sommet de la tête avec l’axe de la colonne vertébrale dans le dos, et à la sensation que l’énergie emplit votre corps entier à chaque expiration. Ne forcez pas, ne prenez pas en charge la respiration, simplement accompagnez-la, encouragez-la, rendez-lui sa liberté. Ce prana ne se répand dans tout notre être que dans la mesure où nous sommes relâchés, mais diriger le prana dans une partie du corps nous aide à la détendre et à la relâcher.
Encore faut-il un peu de foi pour croire que ce qui vous est proposé, cette possibilité de diriger consciemment le prana vers telle ou telle partie de votre organisme, correspond à une réalité. Mais ne concentrez pas seulement votre intérêt dans l’expiration.
Ressentez bien l’accueil à l’inspiration. J’accueille, je recueille, j’accueille, je recueille…